les sentiments trop fracassés, tu matais les gosses s'enjailler, sous ton regard frisant la perversion. les pauvres gamins, le fruit de pleurs et de larmes, la blancheur du dernier souffle du mort. lavande, lavande, lavande, bordel dort de sa tête. t'as beau te dire qu'au fond, tu te dois d'être le fauve rugissant liberté à la gueule du monde, d'être cette folie gamine qui t'a toujours caractérisé. depuis le début, c'est toi, tu l'es tu le restes. et pourtant, ça te ronge jusqu'à la moelle, foutu jusqu'au bout. 
le soleil qui tape trop fort sur ta peau neige, tel un vagabond, tu longes la sunset, à la recherche d'un rien. frénésie de ta main qui caresse sans arrêt tes cheveux, clope entre les douces fentes de tes lèvres, tes yeux azurés sont attirés par les grandes lettres qui décoraient le restaurant du village. pourquoi pas après tout. camryn, poppy, pas besoin de vous surpasser pour la bouffe, j'mange pas à la piaule ce midi. depuis que t'es à ojai, que les merveilles de la technologie de l'âge d'or ont été arrachées de tes doigts, il a bien fallu que tu trouves un moyen pour communiquer. penser, songer, rêver, c'est les plus belles paroles qu'un gosse comme toi pourra partager au monde. sous l'électricité impulsive qui parcourait tes veines, tu te détaches difficilement de la cigarette, que tu jettes doucement sur le sol - elle va se faire mal sinon, la pauvre, puis tu pousses la porte comme indiqué sur la pancarte, en déclarant salut les gens d'un air plus ou moins enjoué. à ojai, y'a tellement personne qu'au fond, on se connaît tous un peu. d'une main experte, tu enlèves ta veste qui t'étouffe, et la pose sur une chaise située non loin de la fenêtre mais aussi à proximité des serveurs. tu te laisses bercer par la musique rustique, même si tu aimerais torturer chaque note au couteau. et puis c'est tout. c'était ta folie routine.

midi. midi. midi. midi sonne à l'horloge du salon. midi, tu sais ce que ça veut dire, taz? putain, putain ouais je sais. midi, ça veut dire que c'est l'heure de bouffer. bouffer au restaurant, parce que j'sais pas cuisiner. restaurant où neyz travaille. allez, pitié, pourvu qu'elle n'soit pas de service, aujourd'hui. si, pourvu qu'elle y soit. que je la regarde dans le blanc des yeux, en même temps que je caresse les cuisses d'une autre. qu'elle souffre et qu'elle comprenne. que je gueule, puis que je m'écrase. que je m'excuse. j'suis pathétique. pourvu qu'elle n'y soit pas, j'me dis, alors que j'écrase finalement ma cigarette contre le mur de la face du restaurant. j'enfonce mes mains dans mes poches et je rentre. il est bondé, bondé comme toujours, et avec un peu de chance, neyz, elle ne m'verra pas. avec un peu de chance, je n'la verrais pas. elle sera trop occupée à s'occuper des autres. avec de la chance. et avec encore plus de chance, c'est sully que j'aperçois un peu plus loin. parfait. je m'approche, doucement. j'attrape la chaise face à lui, je m'assieds.
- mec. tu vas bien?
j'me retourne sur le passage d'une serveuse et lui fais signe de venir pour me commander à manger.
- tu veux quoi sully? j't'invite.