1 △  quelle est votre perception de la légende?
Une énième insulte sort de la bouche pulpeuse de Neyz. Elle tourne la tête vers la jeune fille qui se tient juste à côté d’elle. Elle n’est pas jolie, elle n’est pas laide. Elle est dans la moyenne, les critères que lui offre Ojai. De toute manière elle s’en fiche, elle hurlera sur son physique une autre fois, elle va commencer par lui hurler ce qu’elle pense de cette ville. Parce qu’elle se bat contre Ojai, Neyz, elle se bat depuis sa naissance. Elle hurle, elle frappe, elle cri, elle tape des pieds. Elle ne veut pas se faire piétiner. Elle est impuissance face à cette force, cette mascarade. Elle y croit pas, la gosse, elle croit en rien. Elle sait qu’elle peut passer la limite, elle le veut. Pourquoi elle reste là ? Parce que c’est tout ce qu’elle connait. Les étendues limitées de la ville, l’océan. Elle rêve de s’enfuir, elle t’hurles qu’elle va le faire, demain elle est partie. Aujourd’hui, elle est toujours là. Depuis qu’elle sait marcher elle touche du doigt le nom de la ville, souriant malicieusement à Rosewood, cette prostituée qui la tient en otage depuis toujours. Elle lui crache dessus. Ca la tuera, toute cette connerie, elle finira six pieds sous terre, à cause de ça. Elle joue avec le feu, elle attend de se bruler.
« J’la baise la malédiction. »

   parlez-nous de votre enfance/adolescence à ojai ?
Il fait nuit, dehors il fait sombre. Le moment de vulnérabilité suprême pour Neyz. Elle repense, à tout, au passé, son histoire personnelle qu’elle se murmure de temps à autre, lorsque son cœur hurle déjà trop de douleur, histoire de s’enfoncer un peu plus dans son malheur, juste pour avoir un peu plus mal. Elle brule à vif sa plaie grande ouverte qui gît sur son bras.
Maman, t’es partie. Papa, t’es qui ? Seule, seule, seule. C’est le mot qui a rythmé sa petite vie. Papa qui n’a jamais excité, un point d’interrogation sur un visage, un brun anonyme. Maman, t’es partie, la blessure n’a même pas encore eu le temps de se refermer. Un avertissement, arrête tes conneries. Il lui avait dit, des paroles en l’air, elle ne l’avait pas prise au sérieux, elle aurait dû. Adieu maman.
Le silence rythme sa vie, la solitude l’accompagne. Depuis toujours, elle n’était pas toujours là, pas très proche. Il lui a fait découvrir la chaleur, l’amour, il lui a permis d’apercevoir le mot famille. Puis  il s’est évanoui. Au revoir.