C’était la fin de la journée. Tu traverses la cour déserte et avances vers les bois. Sur un coup de tête, tu tournes soudain à droite et commences à parcourir un petit sentier. Celui-ci semblait longer la forêt tout en se dirigeant vers la rivière. Pourquoi pas... tu marches encore quelques instants avant de la voir. À l’angle du sentier se trouve une ouverture dans la forêt. C’est l’un des endroits les plus beaux d’Ojai selon toi. Cela ouvre sur un petit paradis de verdure où trône en son centre une cascade aux éclats scintillants. Tu ne savais pas comment tu étais arrivée là, mais au moins, tu étais maintenant dans un endroit calme, isolé et surtout magnifique. Exactement ce dont tu avais besoin. Tu commenças à fixer la cascade, l’eau qui chutait, librement, fatalement, vers le sol. Des épais nuages noirs couvraient le petit village. Les oiseaux chantaient une douce mélodie, accompagnant l’eau qui ruisselait, qui murmurait à tes pieds. Tu étais assise près de la grande cascade, depuis des heures, perdues dans tes sombres pensées. La pluie fine ruisselant sur la peau de tes bras nus te faisait le plus grand bien, malgré cette maigre brise qui parfois te faisait frissonner. Tu étais bien paisiblement perdue dans le fin fond de mes pensées , tu avais fermé simplement les yeux à présent et tu attendais. Qu’attendais-tu ainsi, assise là sur un rocher? Rien. Tu attendais que rien ne se passe. Tu ne pouvais faire que ça. Attendre. Tu avais tout ton temps, à priori, parce qu’à Ojai, votre temps était compté. Du jour au lendemain, votre âme peut quitter votre corps, comme si rien n’était, pour aucune raison valable. Tu détestais ce village, tout autant que leur légende qui t’incitait de plus en plus à troquer ta sociabilité à la méfiance.

Soudain, des mains vinrent se poser sur tes épaules, te sortant ainsi de tes pensées. Tu eus à peine le temps de te retournée, pour jeter un œil à celui, ou à celle qui c’était positionné dans ton dos que tu te sentais à présent glisser contre la paroi du rocher. « Merde. Non! Asaël. » Pas la peine de te retourné pour savoir que c’était lui qui se retrouvé derrière toi. T’étais prête à mettre ta main au feu, tellement que tu en étais convaincu. Malgré tes protestations de dernières minutes, t’étais à présent à l’eau et surtout trempé de la tête au pied. Le meilleur moyen de te choper une grippe, pour le coup. « Elle est froide? »  finit-il, part t’interroger. Tu restais en silence devant lui. Un fin sourire s’installe sur ton visage, puis tu finis par l’éclabousser, tandis qu’il prenait ta place initiale. « Alors, elle est froide? » À ses mots, tu nageais les quelques mètres qui te séparaient du rivage. T’appréhendais un peu le moment ou tu quitterais ses eaux, avec le vent glacier.  Tu risquais de prendre encore plus froid que si tu restais dans l’eau. « Sinon ça va? Tu ne t’es pas trop fait mal en tombant? » Sincèrement. T’avais la tête d’une fille qui venait de ce fait mal, en tombant, non. Pas vraiment. Sans compter, le sourire qui était accroché à ses lèvres, tu savais très bien ce qu’il signifiât pour l’avoir arborer autant que lui, dans un soupir, tu finis par lui répondre : « Ça va. Pour l’instant. Merci de t’en inquiéter. » T’immergeas finalement de l’eau, tu rassemblais tes cheveux dans une natte avant de faire sortir le plus d’eau possible, même si au finale, c’était inutile, d’ici. Tu finis par retirer ton chandail, qui te servait plus de veste. Non, ce n’est pas vrai que tu allais endurer à qu’il te colle un peu plus à la peau, à chaque mouvement que tu poserais. « Si j’me choppe un grippe, par ta faute, tu vas le regretter. Tu peux en être sur. » Tu déposais tes mains sur tes bras, tentant du mieux que tu pouvais te réchauffer, malgré la température froide que vous offraient dame nature. T’en conclus rapidement que malgré l’effort que tu porterais à tes gestes, tout ça ne servirait sûrement à rien, donc t’arrêtais de t’acharner, puis tu viens te poser à nouveau sur ton rocher, près d’Asaël.

Tu es là depuis quelque temps à contempler la cascade, les gouttelettes d’eaux qui tombent de part et d’autre de la chute, qui t’éclaboussent de temps à autre. La façon dont tu fixes le paysage laisse présager que tu es dans tes pensées. Peut-être un peu trop, d’ailleurs. Derrière toi des mains t’agrippes les épaules et te pousses carrément à l’eau et pourtant t’avais attendu ni bruit ni sentis un regard posé sur toi. Tant pis. T’avais juste à être plus vigilante au bruit inhabituel. À présent, tu te retrouves à l’eau. Trempés jusqu’à eaux. Tu maudis Asaël, tandis qu’il prend ta place sur le rocher, tu le regardes avec un regard assez significateur de ton état. Il sait très bien ce que ce regard voulait dire. Tu l’éclabousses quand il vient te questionner sur la température de l’eau, avant de lui retourner la même question. « Glacial, je dirais même. » Tu ne pouvais certainement pas affirmer le contraire. Même que c’était sûrement bien pire une fois dans l’eau. Dans un soupir, tu finis par sortir de l’eau presque à contrecœur, sachant que ça serait bien pire sur la terre ferme. T’affirmes ainsi que tout allait bien. Retirant le trois quarts de l’eau de tes cheveux, en même temps, avant de t’acharner à retirée ton pull qui te collait plus à la peau que d’autre chose. Tu prends place à ses côtés, sur ton rocher, après un court moment à tenter de te réchauffer, mais c’était déjà peine perdue. « Si tu choppes la grippe, je m’engage a devenir ton chevalier servant le temps que tu te rétablisses. » Tu relèves tes jambes, avant de poser tes bras sur tes genoux, puis tu poses ta tête sur ceux-ci. Dans un geste un peu lent, tu te retournes vers lui, un fin sourire malicieux aux lèvres. « Toi, chevalier servant? Vraiment. C’est à peine, si tu te débrouilles, en cuisine, alors. Pour ce côté-là de ta proposition, on va éviter. Je n’ai pas envie que tu me refiles en plus une intoxication alimentaire. » Tu lui dis ça, sans la moindre colère dans ta voie. Comme s’il ne t’avait pas jeté à l’eau, il y a de ça quelques secondes. De toute façon, tu l’auras ta vengeance, tôt ou tard. T’attendrais le bon moment, celui qui s’en attendrait le moins. Il de tends sont pull. Tu le fais patienter un peu, puis tu finis par relever ta tête et de ta main droite, tu prends celui-ci, avant de le mettre. Logiquement, tu te perdais dans celui-ci. Beaucoup trop grand pour toi. « Alors t’es venu faire quoi ici? Prendre un bain de soleil? » Tu aurais très bien pu, lui demandé la même chose, surtout dans cette température, mais vous étiez pareille, dans ces moments-là. La pluie, l’orage, c’était pour vous un moment de détente. « Ben, c’était soit ça, ou te coltiner à la maison. Mais au final, j’en reviens au même dilemme. » Tu pris une courte pause, puis tu posais ta tête contre son épaule. « Et toi, qu’est-ce qui t’a mené jusqu’ici? »[/color] Tu reposes tes yeux sur le paysage qui t’entourait, sans pour autant perdre l’accent sur les paroles de ton compagnon. « Il était quelle heure, quand t’as quitté le village? » Question purement banale, mais avec le soleil derrière les nuages c’était impossible de connaître l’heure approximative et puis aussi parce que ça faisait déjà un bon moment que t’étais ici, sans que tu t’en rendes compte avant.