prénom : maël ∞ pseudo : kidd ∞ âge : vingt quatre ans ∞ comment as-tu trouvé le forum ? : via bazzart ∞ fréquence de connexion : moyenne ∞ suggestions :    ∞ un mot pour la fin :     ∞

   

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<ro>taylor marie hill ▸</ro> lyra hastings

un, lorsqu'il te dit enfin qu'il aurait préféré que ça toi la morte, tu dois mordre ta lippe jusqu'au sang pour ravaler les mots que tu détiens sur le bout de ta langue (moi aussi papa, moi aussi.) deux, on te dit que tu ressembles à ta mère lamorte comme si c'était un compliment, et peut-être que c'en est un, mais c'est juste que tu comprends mieux le visage livide du père quand il te voit sortir enfin de la puberté, et tu cherches cette mère, ce gouffre abyssal des heures devant le miroir. tu n'oses pas demander à jules de te parler d'elle, tu as trop peur de lui rappeler que c'est de ta faute. trois, tu t'excuses trop, tu t'excuses tout le temps, pardon de bloquer le passage, pardon d'avoir fait tomber ce livre, pardon de prendre trop de place, pardon d'exister. quatre, dans une ville qu'on ne quitte jamais, il faut bien trouver des hobbies, des manières de passer le temps; les instruments sont à jules, ce que le papier et le canvas sont pour toi. tu préfères au crayon et à l'aquarelle les fusains, les huiles, tout ce qui va rester sur tes doigts et laisser tes empreintes un peu partout comme un témoignage : j'étais là, j'étais là. cinq, de temps à autre, tu essaies d'arrêter de fumer mais à chaque bâtonnet de nicotine que tu glisses entre tes lèvres, tout ce que tu songes c'est onze minutes de moins et tu sombres de nouveau. six, ariel et jules, jules et ariel, arieletjules, c'était pour toi l'idéal amoureux, la relation que tu espérais un jour avoir avec quelqu'un et puis tout a foutu l'camp et tes rêves enfantins de prince charmant se sont écroulés comme un chateau de cartes, avec leur mariage. sept, à vrai dire, tu n'es pas sûre d'être hétérosexuelle, tu n'es pas sûre d'être quoiquecesoitsexuelle, car si seuls les gens brisés trouvent grâce à tes yeux, peut-être parce que leurs pièces s'encastrent bien avec les tiennes, tu ne les désires pas vraiment, jamais plus longtemps que le temps de les mettre à nu. huit, ariel, tu l'aimes, ariel tu l'aimes presque autant que jules, tu la considères comme une extension de toi alors quand ils se séparent, tu connais enfin la trouille, une trouille viscérale qu'elle se sépare aussi de toi. neuf, si jules peut quitter ariel après treize ans, comme ça, sur un coup de tête, rien ne dit qu'il ne décide pas un jour ou l'autre que tu n'en vaux pas la peine, rien ne dit qu'il ne te laisse pas toi aussi sur le bas côté et tu lui en veux, mine de rien. dix, "crise d'adolescence tardive" les bouquins disent, tu sais au fond de toi que s'il doit t'abandonner, tu préférerais qu'il ait une bonne raison alors tu exagères, tu le pousses à bout parce que tout ce que tu veux (sa)voir c'est combien tu m'aimes, jules? onze, il part à la dérive, toi aussi et tu penses soudainement aux loutres qui se tiennent la patte pour ne pas dériver trop loin l'une de l'autre et tu te demandes si jules, c'est ta loutre mais surtout, si t'es la sienne. douze, si autrefois, avant, avant (la séparation), tu t'efforçais de ne pas prendre trop de place, maintenant, c'est fini, maintenant t'as l'impression que ta peau n'est pas suffisante pour contenir l'inferno qui s'est embrasé, alors tu cumules les bêtises, tu presses tes lèvres contre celles des mauvaises personnes parce que vingt ans, vingt ans à survivre, c'est trop long. treize, tu as le vertige alors tu te fais violence, tu te forces à grimper plus haut, toujours plus haut parce qu'il parait que la vue est meilleure en haut (et que ça fait bien trop longtemps que tu es en chute libre.) quatorze, tu n'en parles pas à jules mais tu vas le voir, de temps en temps, le père. parfois il te voit, d'autres fois il regarde à travers, et quelques fois, il voit la morte. et quand t'en ressors, t'as les jambes qui flageolent et une douleur fantôme là où devrait se trouver ton coeur. et ces jours là, tu suis l'exemple de jules et tu te réfugies dans la musique (et tu visites la vieille abernathy qui te prépare toujours une assiette en échange de quelques chansons au piano) parce que tu sais que chaque croquis réalisé ne finirait que dans les flammes.  quinze, ton endroit préféré de la maison, c'est le toit et il n'est pas rare que tu t'endormes là haut et rêve de supernovas. seize, si jules ne rêve pas de partir, toi t'as des fourmis dans les jambes, tu mets ta main sur tous les atlas que tu peux trouver et sous tes doigts s'élèvent des contrées inconnues. dix-sept, au fond de toi tu ne penses pas mériter d'être heureuse alors tu sabotes toutes tes relations amoureuses, en te disant qu'il vaut mieux qu'ils s'en rendent compte maintenant que beaucoup plus tard, une fois que c'est trop tard. dix-huit, la vérité c'est que tu as toujours été trop tiède, trop tiède en amour, trop tiède en amitié, trop tiède en cours. il n'y a qu'avec ton frère où tu n'as jamais su être tiède. dix-neuf, à chaque nouvelle arrivée, tu cours, parfois pieds nus, parfois à demi-vêtue, jusqu'à trouver ton frère et ce n'est qu'alors que le carcan de glace enserrant ta poitrine se desserre. (et le soulagement est si brutal que tu chancelles et t'écroules dans ses bras, contre son torse, la main plaquée contre son coeur comme pour s'assurer de sa fidélité, un brutal rappel du tien qui ne fait que répondre en saccadé). vingt, uc